L'accessibilité des vidéos YouTube

L'accessibilité des vidéos YouTube

Les vidéos hébergées sur YouTube sont-elles toutes accessibles ?

Sans surprise malheureusement, la réponse est non. Aujourd’hui, en 2023, encore un grand nombre de créateurs et créatrices de contenu vidéo ne prennent pas en compte les personnes sourdes et malentendantes ou malvoyantes lors de la mise en ligne de leurs vidéos. Pourtant comme le souligne très justement le compte Instagram @les.mal.entendus, prendre en compte ces personnes c’est les inclure dans votre communication, et donc dans une partie de la pop culture qui se développe sur YouTube. C’est également toucher bien plus de personnes, s’assurer un bon référencement sur la plateforme et se démarquer, comme je vais vous le présenter dans cet article.

1)     Un état des lieux de l’accessibilité des vidéos YouTube

Mais commençons par un court état des lieux de ce qui se fait déjà sur la plateforme au logo rouge.

L’audio-description pour les personnes aveugles et un sous-titrage de qualité sont rares sur YouTube. L’entreprise qui gère la plateforme est bien au courant de ce problème, puisque de nombreuses voix s’élèvent pour une meilleure accessibilité des vidéos et notamment de meilleurs sous-titres, comme la créatrice Rikki Poynter qui a lancé l’hashtag #NoMoreCraptions (marre des sous-titres nuls, pour parler poliment) en 2016 pour dénoncer la mauvaise qualité des sous-titres automatiques, encore utilisés par un grand nombre de chaînes.

YouTube est en train de tester le fait de pouvoir ajouter plusieurs pistes audio aux vidéos, afin de pouvoir ajouter une option d’audio-description ou bien même de doublage des vidéos dans des langues étrangères. Elle encourage également les créateurs et créatrices à faire appel à un sous-titrage de qualité en faisant disparaître l’option du sous-titrage communautaire, d’ailleurs souvent boycotté par les chaînes YouTube à cause de sa mauvaise qualité. L’entreprise essaie également d’améliorer son option de sous-titrage automatique, mais c’est encore malheureusement insuffisant. On estime atteindre environ 60 à 70 % d’exactitude dans les sous-titres automatiques, ce qui n’est pas suffisant pour une bonne compréhension de la vidéo, sans compter que les principes d’un sous-titrage lisible ne sont pas respectés (si ces principes vous intéressent, n’hésitez pas à consulter mon précédent article).

Il est difficile d’estimer combien de créateurs et créatrices sous-titrent leurs vidéos, YouTube n’a pas encore fourni de chiffres précis. Il est cependant facilement possible de voir si vos chaînes YouTube préférées sont accessibles aux malentendants : la mention Sous-titres apparaît sous les vidéos qui ne présentent pas un sous-titrage uniquement automatique et qui n’a pas été touché de près ou de loin par une main humaine.

2)     Quels types de sous-titres sur la plateforme ?

Il est parfois facile de se perdre dans les différents types de sous-titres et leurs différentes appellations. Voici donc une liste des types de sous-titres qui peuvent être mis sur la plateforme :

Les sous-titres automatiques : ce sont des sous-titres entièrement générés par l’IA de YouTube, aucun humain n’y a touché. Les mots apparaissent au fur et à mesure que l’intelligence les entend, ce n’est donc pas réellement un sous-titrage mais plutôt une retranscription en direct de ce qui est dit. Ce type de sous-titres peuvent être plutôt bons en anglais, mais souvent risibles en français, car quand l’IA ne comprend pas, soit elle laisse vide soit elle essaie de prendre un mot sans contexte. Il n’y a également pas d’indication de son et les sous-titres sont souvent très peu lisibles, ce qui n’est absolument pas adapté pour un public malentendant ou sourd.

Les sous-titres automatiques édités : ce sont des sous-titres automatiques qui ont été un peu « corrigés » par une main humaine, car il est possible de partir du fichier de transcription automatique et de retoucher les sous-titres directement sur la plateforme. Restent que les sous-titres apparaissent en cascade et non centrés par groupes de mots et qu’il est difficile d’y insérer les indications de sons. Mais c’est déjà mieux que de laisser seulement les sous-titres automatiques.

Les CC : ce qui signifie « Closed Captions », on parle de sous-titres SME (Sourds et Malentendants) en français, mais l’appellation CC reste ce qui est utilisé sur YouTube. Il s’agit d’une transcription de ce qui est dit mis en forme pour respecter les normes de lisibilité, plus les indications de sons. Ce sont des fichiers de sous-titres faits sur des logiciels externes puis intégrés à la vidéo sur Creator Studio, qui permet de gérer la mise en ligne des vidéos.

Les sous-titres simples : c’est une transcription de ce qui est dit, fait sur un logiciel externe. Si ces sous-titres sont faits par un.e professionnel.le, ils respectent les règles du sous-titrage et peuvent constituer une très bonne base pour la traduction automatique de YouTube. Par exemple, la chaîne YouTube du magazine Vogue utilisent ces sous-titres, ce qui donne une traduction possible vers de nombreuses langues et une traduction plutôt correcte en français malgré certains contre-sens. C’est également très utile pour les personnes qui regardent les vidéos sans le son, une pratique de plus en plus répandue parmi les utilisateurs de YouTube et les internautes de manière générale.

Les sous-titres « auto-translate » (sous-titres traduits automatiquement) : en se basant sur la transcription, YouTube propose une traduction automatique des sous-titres. Depuis l’anglais, si la transcription est éditée correctement (comme pour la chaîne de Vogue dont j’ai parlé précédemment), on arrive à un résultat plutôt correct et qui peut faire sens en français. A condition, bien sûr, que le message soit clairement énoncé, qu’il n’y ait pas d’hésitations ou de bruits perturbateurs etc. Cependant, c’est justement à cause de ce semblant de justesse que le résultat peut être dévastateur pour une marque ou un personal branding : puisque le but de la traduction automatique est de faire sens en français mais pas réellement de bien traduire les nuances de la langue source, les contre-sens peuvent être nombreux et n’éveilleront pas la suspicion des spectateurs.

Les sous-titres traduits : ils sont appelés VOST à la télévision ou au cinéma. C’est une traduction de la transcription du contenu vidéo. Le but des traducteur.ices audiovisuel est de transmettre fidèlement le message de la vidéo, l’intention des intervenants/personnages pour permettre aux spectateurs de bien comprendre la vidéo même si elle est dans une autre langue.

3)     Le référencement sur la plateforme

Publier sur YouTube porte souvent ses fruits, pour votre marque ou pour vos projets personnels. La plateforme est d’ailleurs utilisée par 87 % des annonceurs qui pratiquent le vidéo marketing. Lorsque l’on sait qu’environ un milliard d’heures de vidéos sont visionnées chaque jour selon YouTube, et que 100 pays ont accès à la plateforme dans 80 langues, on se dit que notre vidéo peut toucher le monde entier.

Cependant, comme pour tout contenu web, le SEO est une donnée essentielle à prendre en compte lorsque l’on publie une vidéo sur YouTube, puisqu’il faut que tous ces utilisateurs puissent vous trouver et que votre vidéo ne se retrouve pas tassée sous tout le contenu disponible. C’est là qu’intervient l’algorithme de la plateforme et la nécessité de le prendre en compte dans sa stratégie, puisqu’il est responsable du positionnement des vidéos sur la page d’accueil, de la liste affichée lorsque l’on fait une recherche, des tendances etc. Neal Mohan, chef de produit chez YouTube, nous indique que les utilisateurs de la plateforme passent 70 % de leur temps à visionner des contenus recommandés par ce fameux algorithme, il est donc en grande partie responsable du comportement utilisateur des internautes et de ce à quoi ils vont consacrer du temps de visionnage.

Pour se faire bien voir de l’algorithme, plusieurs critères sont à prendre en compte : la qualité de la vidéo bien sûr, mais aussi l’engagement des utilisateurs (commentaires, likes), la fréquence de publication et les mots-clés contenus dans la vidéo et dans les métadonnées (ce qu’il y a autour de la vidéo, les descriptions, titres et sous-titres).

En effet, les sous-titres permettent de manière simple d’améliorer son référencement naturel, car c’est grâce aux mots-clés et aux champs sémantiques qu’ils contiennent que les intelligences artificielles de YouTube et de Google pourront détecter de quoi parle votre contenu et ainsi permettre aux utilisateurs intéressés de vous trouver.

Plus vous correspondez à ces critères, plus l’algorithme vous attribuera un score élevé et vous mettra en avant : autant dire qu’il vaut mieux faire en sorte d’avoir un excellent score pour être trouvé, et que les sous-titres ne sont pas à négliger pour améliorer son score.

4) L’accessibilité pour votre image de marque

Plus que jamais, le personal branding a sa place dans le marketing sur Internet, et en particulier pour des créateur·ices de contenu. C’est d’autant plus valable sur YouTube : les utilisateur·ices recherchent du contenu de qualité, qui leur procurent des informations et/ou des émotions, mais aussi qui reflètent leurs valeurs. On sait de plus en plus que derrière tout contenu, il y a une personne qui les produit, et l’on a de plus en plus envie de savoir si elle est fiable ou si elle a quelque chose à se reprocher (il n’y a qu’à voir les scandales provoqués ces dernières années par ce qui est sorti sur des YouTubeurs tels que DirtyBiology ou Norman fait des vidéos). Rendre ses vidéos accessibles est un moyen de montrer vos valeurs.

De plus, lorsqu’on se lance sur YouTube, il y a des chances pour que son contenu soit noyé sous l’océan de vidéos postées chaque seconde. YouTube n’a pas partagé de chiffres précis sur le nombre de créateur·ices présent·es sur la plateforme, mais on comptait en 2021 450 chaînes françaises qui avaient plus d’un million d’abonnés, contre 260 l’année précédente. Même sur des plus petits chiffres, on retrouve cette tendance : 4500 chaînes ont plus de 100 000 abonné·es. Se démarquer devient donc indispensable, et l’accessibilité peut vous y aider : avoir des sous-titres sur vos vidéos YouTube, voire sensibiliser sur pourquoi vous les avez, se remarquera. Ils vous permettront de vous démarquer, surtout que pour l’instant, encore trop peu de YouTubeurs ou YouTubeuses en disposent.

J’espère que cet article vous a plu et que vous en avez appris plus sur l’accessibilité des vidéos sur YouTube ! Pour en savoir plus sur l’accessibilité des vidéos en général, n’hésitez pas à consulter mon précédent article sur le sujet.

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