Les étapes de l'accessibilité d'une vidéo

Les étapes de l'accessibilité d'une vidéo

Ou comment implémenter l'accessibilité à chaque étape de création d'une vidéo

Plus je travaille avec des types de clients différents, plus je me rends compte que l’accessibilité des vidéos est souvent pensée au dernier moment : à l’étape de la post-production, une fois que la vidéo est écrite, tournée et montée.

Parfois, les créateurs et créatrices de contenu attendent de leurs prestataires d’accessibilité qu’ils ou elles rendent leur contenu entièrement accessible.

Malheureusement, avec le sous-titrage notamment, on peut rendre une vidéo accessible aux personnes sourdes et malentendantes, mais on ne peut pas rattraper un montage non accessible aux personnes aveugles ou photosensibles par exemple.

En “laissant” l’accessibilité au dernier moment, on court le risque de produire une vidéo qui aurait pu être plus accessible.

On court aussi le risque de payer plus cher pour l’accessibilité (tarifs urgents) ou de se heurter à des difficultés : des interprètes LSF pas disponibles à temps pour la sortie de votre vidéo par exemple.

L’accessibilité se pense en fait dès le départ, avant même que vous ayez couché les premières idées sur le papier (ou dans votre espace Notion), en fait, dès qu’on prévoit de sortir une vidéo !

Pour vous aider à intégrer l’accessibilité dans votre processus de création, voici quelques propositions pour assurer que l’implémentation se fasse le plus en douceur possible. ✨

Comment planifier l'accessibilité de vos vidéos à chaque étape ?

  1. La préparation

Certaines personnes diront que c’est l’étape la plus importante pour réussir sa vidéo.

C’est aussi l’étape où l’on commence à réfléchir à l’accessibilité :

  • On va mettre sur le papier ce dont on a besoin dans l’idéal pour rendre sa vidéo accessible au plus grand nombre : sous-titrage, traduction en langue des signes française, audiodescription et transcription.
  • Ensuite, on établit un budget et on liste ce dont on pourra s’occuper en interne et ce qu’on va devoir déléguer.
  • On contacte des prestataires et on leur donne les infos dont on dispose déjà : durée estimée de la vidéo, sujet, vos besoins etc.

Conseil pour les petits budgets : si vous avez un besoin ponctuel, préférez les freelances dont les tarifs peuvent être jusqu’à dix fois moins élevés que ceux des agences vidéo ou spécialisées.

  • Lors de la rédaction du script, on privilégie un langage clair et facile à comprendre. On évite les jargons et les termes difficiles à appréhender. On explicite les concepts et on les illustre.

Conseil : si on n’a pas le budget ou si le contenu de la vidéo ne s’y prête pas (pour une vidéo éducative ou explicative par exemple), on peut prévoir une description “intra-vidéo” au lieu d’une audiodescription. On intègre alors dans le script une description physique des intervenants, des lieux, et de tout élément visuel essentiel pour comprendre la vidéo sans la voir.

  • On établit un brief d’accessibilité à transmettre à toute l’équipe en amont du tournage sur ce qu’il faut respecter lors du tournage pour s’assurer de l’accessibilité du contenu final.

Et on embarque vers la deuxième étape, ce à quoi il faut penser lors du tournage.

2. Le tournage

Les jours de tournage, on a toujours plein de choses en tête, mais il ne faut pas oublier l’accessibilité finale de la vidéo : si on fait des erreurs pendant le tournage, ça peut être difficile de les rattraper au montage.

C’est le but du brief d’accessibilité : si vos équipes en prennent conscience en amont, la charge de l’accessibilité ne revient pas qu’à une seule personne.

Voici ce que devrait contenir ce brief :

  • Demander aux acteurs, actrices, intervenants et intervenantes de ne pas parler trop vite, sinon une partie du discours sera “perdu” au sous-titrage et le propos peut devenir difficile à comprendre.
  • En termes de réalisation, privilégier les plans “face-cam”, soit des plans où la personne parle face à la caméra. Ainsi, les personnes sourdes et malentendantes pourront s’appuyer sur les lèvres, l’expression de la personne ainsi que les sous-titres pour tout comprendre. C’est particulièrement important pour les vidéos d’information ou explicatives.
  • Si on tourne une vidéo sans script (comme une interview par exemple), bien penser à demander aux personnes interviewées de se décrire physiquement pour les personnes aveugles ou malvoyantes.

Une fois qu’on a tous les plans que l’on voulait tourner, on peut passer à l’étape du montage.

3. Le montage

Il peut être tentant de suivre les modes et de monter sa vidéo de manière “dynamique”, ce qui veut trop souvent dire des plans très courts, des titres qui flashent, des couleurs trop vives et un débit de parole accéléré.

Pourtant, ce type de montage peut rapidement devenir “épileptique”, fatiguer le spectateur voire l’empêcher de regarder la vidéo.

De plus, ce montage avec des plans très courts rend la vidéo très difficile à sous-titrer, et la sous-titreuse se retrouve souvent à devoir “sacrifier” certaines parties du discours pour assurer une bonne lisibilité.

Pour un montage accessible, on privilégie donc les plans moyens à longs, les titres avec une police accessible et dont la couleur contraste avec l’arrière-plan et on n’accélère pas le débit de parole.

Conseil : si vous n’avez pas le choix que de garder des plans avec des lumières qui flashent (pour une scène dans une boîte de nuit par exemple), pensez à avertir les spectateurs photosensibles au début de la vidéo que celle-ci contient des flashs lumineux.

En ce qui concerne le son, attention au volume de la musique quand elle est par-dessus un discours : elle peut rapidement couvrir le sens du discours, ce qui peut le rendre difficile à suivre.

Bien sûr, les sous-titres permettent de rattraper quand on entend mal un discours ou en cas de mauvaise prise audio, mais autant permettre aux personnes avec un léger déficit auditif d’avoir accès au son et aux sous-titres pour compléter.

Enfin, toujours sur la question du son, attention aux sons discordants, aux grésillements ou aux bruits de fond trop volumineux : ce type de sons risque de gêner les personnes sensibles au bruit ou qui portent des appareils auditifs.

Conseil bonus : même si ce n’est pas une question d’accessibilité à proprement parler, pensez à préciser si votre vidéo contient des contenus sensibles au début de votre vidéo. C’est ce qu’on appelle des “trigger warning” ou des avertissements. Ca permettra aux personnes sensibles à certains sujets de regarder avec un oeil averti votre vidéo et ainsi d’en profiter sans l’effet de surprise qui pourrait déclencher des réactions négatives chez elles.

Une fois le montage fini, vient l’avant-dernière étape, ma préférée car c’est souvent à ce moment-là que j’interviens : la post-production.

4. La post-production

C’est à ce moment-là que l’on peut envoyer la vidéo finalisée à ses prestataires ou s’assurer soi-même que la vidéo sera le plus accessible possible le jour de sa sortie.

Ma partie préférée : le sous-titrage, bien sûr ! J'ai déjà beaucoup écrit sur le sujet et vous invite à consulter mes articles sur mon profil LinkedIn ou sur mon site Internet afin de savoir plus précisément comment sous-titrer de manière accessible.

Mais en bref, tous les sous-titrages ne se valent pas et ne sont pas accessibles aux personnes sourdes et malentendantes. Il faut, en premier lieu, penser à ces personnes quand on sous-titre.

Si vous faites appel à une prestataire, pensez à la prévenir en amont et à lui laisser un délai raisonnable : entre un et deux jours pour une vidéo entre cinq et dix minutes et jusqu’à une semaine pour une vidéo d’une heure.

Ce délai se rallonge si vous faites appel à des interprètes en langue des signes française, qui devront traduire votre vidéo et tourner une vidéo que vous intégrerez ensuite à votre propre vidéo.

Petit conseil : contactez en amont des interprètes sur LinkedIn pour leur parler de votre projet et voir ce qui est possible de faire !

Si vous prévoyez une audiodescription, comptez un délai d’environ un mois quelque soit la durée de votre vidéo, car au-delà du travail d’écriture de l’audiodescription, il y a également l’enregistrement, le mixage et le montage de la version audiodécrite.

Enfin, pour les personnes en situation de surdicécité (c’est-à-dire avec une déficience à la fois auditive et visuelle), pensez à ajouter une transcription de votre vidéo.

Cette transcription, en plus du sous-titrage adapté, est obligatoire pour que votre site Internet soit conforme au Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA).

5. La diffusion

Enfin, l’étape tant attendue (ou redoutée) : celle de la diffusion.

C’est à ce moment-là que vous allez mettre votre vidéo sur YouTube ou toute autre plateforme.

À ce moment-là, assurez-vous, avant de diffuser, que toutes vos mesures d’accessibilité fonctionnent bien et s’affichent bien.

Petit conseil : prêtez attention aux commentaires que vous recevrez de personnes en situation de handicap. Ce seront des conseils précieux pour vous améliorer et savoir quelle mesure d’accessibilité il faudra impérativement mettre en place pour chaque vidéo.

Bien sûr, dans cette newsletter, je n’ai pas abordé tous les points particuliers ou tout ce qu’il faudrait mettre en place pour une vidéo entièrement accessible. J’ai choisi les points les plus importants selon moi, c’est-à-dire ceux qui vous aideront à toucher le plus de personnes possible. 💜

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