Les croyances à dépasser pour une vraie accessibilité

Les croyances à dépasser pour une vraie accessibilité

Quelles croyances liées à l'accessibilité et au handicap nous empêchent de mettre en place un vrai accès pour toutes et tous ?

Aujourd’hui, nous allons parler d’un des principaux défis auxquels sont confrontées les entreprises quand elles veulent mettre en place une démarche d’accessibilité numérique : les croyances liées à celles-ci et au handicap de manière générale.

Sommaire :

  1. Les croyances liées au handicap
  2. Les croyances liées à l’accessibilité numérique

Les croyances liées au handicap

Plus je sensibilise, (parce qu’une grande partie de mon activité, c'est aussi de la sensibilisation), plus je me rends compte des clichés et des préjugés qui perdurent encore aujourd'hui.

Pourtant, la plupart du temps, ce n'est pas du tout mal intentionné. On a peut-être cette image en tête de l’entrepreneur véreux qui ne veut rien savoir du handicap, mais la plupart du temps, on est loin de ça : les personnes sont intéressées par le handicap et sont concernées indirectement, mais ont soit des croyances soit manquent de connaissances.

Par exemple, on a le cliché que toutes les personnes sourdes parlent la langue des signes et ne parlent pas, que les personnes aveugles ne vont pas sur Internet…

En ce qui concerne la surdité, on ne connaît pas vraiment tous les aspects de la surdité. Par exemple, on me dit très souvent : « Ah j'entends pas bien », « j'arrive pas trop à suivre les vidéos parce que mes oreilles fonctionnent moins bien », « j'ai du mal à suivre des conférences, à suivre des formations parce que j'entends pas très bien, mais bon, je suis pas sourd. »

Ces personnes-là souvent ne se font pas diagnostiquer et même si elles se font diagnostiquer, elles ne demandent pas d'aménagements ensuite pour pallier ce problème d'audition. Donc la surdité ne se limite pas aux personnes sourdes qui parlent la langue des signes, soit environ 300 000 personnes. Ça concerne vraiment une grande partie de la population, entre 6 et 10 millions de personnes selon les sources.

Le handicap est aussi parfois un peu un gros mot qu’on n’ose pas prononcer. On peut parler “d’invalidité”, “de maladie” etc. Moi-même, avant de m’intéresser à l’accessibilité numérique, je ne considérais pas ma maladie chronique comme un handicap malgré son impact sur mon quotidien.

C’est en rencontrant des personnes inspirantes que j’ai su reconnaître mes limites mais aussi justement mes forces : quand on est entrepreneure en situation de handicap, on peut parfois avoir l’impression de ne pas faire assez, de ne pas être au même niveau que les autres.

Pourtant, pour surmonter les situations de handicap au quotidien, travailler dur et se dépasser, il faut d’abord les reconnaître, les admettre, aussi, et ne plus considérer le handicap comme un gros mot mais comme faisant partie de sa vie et de la société de manière générale.

Et justement, on est toutes et tous touchés par le handicap d’une manière ou d’une autre, et c’est l’un des clichés que l’on peut démonter : le handicap n’est pas quelque chose d’étranger, de loin de soi.

C’est en me prenant de passion pour l’accessibilité numérique que j’ai remarqué que le handicap était tout autour de moi : cette copine au lycée qui avait besoin d’aménagements, des membres de ma famille qui avaient besoin d’aide en raison de leur état de santé, ma voisine d’enfance virtuose au piano dont la musique me berçait chaque soir et qui avait besoin d’être guidée dans ses déplacements en raison de sa cécité.

Ensuite, toutes les personnes que j’ai rencontré depuis que je me suis lancée, qui m’ont fait grandir, nourrie et fait prendre conscience de la réalité quotidienne des personnes en situation de handicap de tout type. C’est fou de me dire que sans l’accessibilité, je me serais privée de tant de richesse humaine, de rencontres et d’occasions d’évoluer.

Et une des raisons pour lesquelles on ne vit pas encore dans un monde accessible, ce sont bien les croyances liées à l’accessibilité numérique.

Les croyances liées à l’accessibilité numérique

On s'imagine souvent que l'accessibilité, ça coûte trop cher, ce n’est pas réalisable, ou c'est difficile à mettre en place. Alors, on ne va pas se mentir, l'accessibilité, ça ne se fait pas comme ça, il faut un effort conscient pour la mettre en place :

  • l’implication de toutes les parties prenantes
  • Une formations selon vos besoins
  • la recherche de prestataires (audit, prestataires de solution d’accessibilité comme les sous-titreuses, interprètes LSF ou audio-descriptrices)
  • la mise en oeuvre

Mais il n’y a pas tant de temps et tant d'argent à investir que ça finalement. On peut commencer par des petites choses gratuites et pas trop chronophages et ensuite faire de plus en plus d’actions selon notre audience et notre public.

Aussi, même si l’on doit consacrer de l'argent à des solutions d'accessibilité, il y a toujours moyen de trouver des solutions qui ne coûtent pas trop cher, surtout si on fait appel à des indépendants qui ont une expertise précise.

Une autre idée reçue liée à l’accessibilité, est le fait que grâce aux progrès de l’IA et des technologies, on n’a plus besoin de s’occuper de l’accessibilité.

Effectivement, l’IA peut nous aider dans certaines tâches comme nous servir de base pour des transcriptions. Mais ça ne veut pas dire que l’on ne doit plus “s’en occuper”.

En ce qui concerne les transcriptions justement, une main humaine est toujours indispensable. Pour vous donner un exemple personnel, quand j’ai voulu réaliser la transcription de l’épisode du podcast “Pimp ta marque” auquel j’ai participé, je suis partie d’une base d’IA.

Puisque nous avions toutes les deux, Warda la présentatrice du podcast et moi, de bons micros et que nous parlions de manière posée et sans bruit autour, je me suis dit que nous étions dans les meilleures dispositions pour que l’IA puisse capter ce que nous disions et que je n’ai plus qu’à corriger quelques fautes, retravailler quelques phrases, la mise en page et l’accessibilité du document final.

Bien sûr, ça n’a pas été aussi simple. En premier lieu, l’IA n’a pas du tout capté certains mots ou expressions, comme par exemple, le mot “sous-titrage”. Si vous me connaissez, vous savez que c’est impossible pour moi lors d’une discussion sur l’accessibilité de ne pas prononcer le mot “sous-titrage” au moins une fois toutes les deux minutes.

Pourtant à chaque fois, l’IA ne le reconnaissait pas et me proposait “striage”, “strate” ou simplement “titrage”. Comme elle n’utilisait pas le même mot à chaque fois, même si c’était toujours de sous-titrage dont je parlais, impossible de faire un simple “rechercher-remplacer”.

Ensuite, même si nous avions préparé le sujet, notre conversation était naturelle : le but n’était pas de faire un cours lu ou de prendre des voix robotiques. Et même si à l’oral c’est plutôt fluide et naturel, ce n’est pas du tout le même rendu à l’écrit : toutes les hésitations ou les tournures de phrases un peu bancales rendent la compréhension difficile. Ce sont donc parfois des longs passages à reprendre.

Enfin, il faut penser à l’accessibilité du document en lui-même : mise en page, structuration des paragraphes, test avec lecteur d’écran… Ce qui fait que j’ai mis environ une heure pour transcrire 10 minutes d’audio avec l’aide de l’IA.

Lire la transcription de l'épisode

On voit donc bien que l’on doit consacrer du temps à l’accessibilité, même avec l’aide d’outils technologiques.

Et parfois, l’IA nous en fait perdre, notamment en ce qui concerne le sous-titrage professionnel. Passer du temps à corriger des sous-titres faits par l’IA, à les mettre aux normes et les synchroniser, me prend plus de temps que de les faire à partir de rien sur un logiciel de sous-titrage professionnel.

Pour en savoir plus là-dessus, vous pouvez trouver des ressources sur ce blog !

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